Sommet Régional de Haut Niveau sur le VIH/sida: La stigmatisation, un frein à l’accès aux soins, selon plusieurs panélistes
La stigmatisation est un frein à l’accès aux soins des personnes vivant avec le Vih (PVVIH). C’est ce qui ressort de la session spéciale sur « la stigmatisation et les droits de l’homme » du sommet régional de haut niveau sur le Vih/Sida qui va prendre fin tout à l’heure à Dakar au Sénégal.
En effet, les panélistes venus du Sénégal, du Nigeria, de la Sierra Leone, de la RDC, de la Gambie et de Sao-Tomé ont tour à tour expliqué lundi (hier) comment la stigmatisation des PVVIH et surtout des populations clés est un frein à l’accès aux soins dans leur différent pays.
Ainsi, au Sénégal, Dr. Safiatou Thiam, directrice exécutive de la Commission Nationale de lutte contre le Sida (CNLS) a dressé comme dans tous les autres pays de la région, un tableau de forte stigmatisation des PVVIH en général et en particulier des populations clé (professionnels du sexe, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les populations carcérales, les usagers de drogue). Pour y faire face, le Sénégal selon elle, a initié un dialogue communautaire.
En outre, plusieurs formations en droit de l’homme ont été initiées à l’intention des professionnels de la santé, des forces de l’ordre, de l’administration pénitentiaire « afin de les emmener à respecter les droits des populations clé ». Ces derniers ont aussi bénéficié de ces formations pour qu’ils soient eux-mêmes informés de leurs droits. Mais, l’un des gros problèmes que Dr. Thiam a souligné, c’est l’absence selon elle, de « ressources juridiques locaux qui comprennent le contexte du pays ».
Pour bien adresser les questions juridiques et autres des PVVIH stigmatisées et discriminées, Ange Mavula de la RDC propose la clinique juridique. Une expérience de la société civile congolaise. Avec le Centre d’expertise des droits humains et de la criminologie (CEDHUC), les PVVIH arrivent à trouver de l’accompagnement lorsqu’elles se sentent brimées dans leurs droits. Dans le modèle que propose la RDC pour défendre les droits des PVVIH, il y a une synergie d’action entre plusieurs organisations de la société civile pour diriger toutes les victimes vers la clinique. Au niveau étatique, la CEDHUC a plaidé avec succès auprès du gouvernement congolais pour réviser la loi sur le sida dont un article criminalisait la transmission volontaire du Vih. « D’autres dispositifs criminalisent déjà la transmission volontaire du Vih », a précisé Ange Mavula.
La prévalence du vih « 22,9 % chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes »
En revanche au Nigeria, la loi de janvier 2014 interdisant le mariage gay, a eu pour conséquence de réduire l’accès aux services de soins aux populations clé PVVIH. C’est ce qu’a révélé Michael Akandji, directeur du programme du Nigeria. Pourtant, selon lui, si la prévalence nationale du Vih dans son pays est de 2,4 %, elle est de 22,9 % chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes.
Certes, la loi n’interdit pas l’accès aux soins à ces personnes, mais, selon M. Akandji, ce sont les acteurs étatiques dans les structures de santé qui créent des barrières d’accès aux soins pour cette population.
« La stigmatisation est un véritable problème en Sierra Leone », a affirmé pour sa part Marie Catherine du Consortium pour les droits des populations clé affectées (CARKAP). Elle s’est fait une religion sur cette question grâce aux enquêtes réalisées dans le pays. De sorte que « nous avons développé un plan stratégique pour développer les droits de l’homme ». Ce qui a permis de mettre en place un indice de stigmatisation au niveau des populations clé.
Par exemple, « les travailleurs du sexe sont stigmatisés à 30 % selon l’indice », a-t-elle illustré. De sorte qu’à cause de la stigmatisation, 98 % des personnes qui ont été dépistées positives ont été incapables de partager, affirme Marie Catherine, « leur statut dans les 12 mois qui ont suivi leur dépistage ».
En Sierra Leone, le Consortium assiste les populations clés au niveau communautaire et essai d’être un pont entre le gouvernement et les acteurs de la société civile. A Sao Tomé, selon l’indice de stigmatisation, 7 PVVIH sur 10 subissent la stigmatisation, selon Jean Claude Fahé du programme de lutte contre le sida et la tuberculose. Le programme et l’association des PVVIH ont approché avec succès, a-t-il affirmé, l’Assemblée nationale pour voter une loi de protection pour cette population.
En Gambie, selon Ousmane Badjie, directeur du secrétariat national de lutte contre le sida, le programme de traitement présidentiel du sida de l’ex-président Yahya Jammeh a donné de faux espoirs aux PVVIH qui ont abandonné les services de santé. Aujourd’hui, avec le nouvel ordre politique en Gambie, le programme de l’ex-président a disparu. Mais «nous avons de nombreux perdus de vue. Comment les ramener ? », S’est interrogé Ousmane Badjie. C’est ce à quoi s’attelle le secrétariat national dans un contexte où il n’y a plus, depuis 5 ans, d’arrestation selon son directeur, liée à l’orientation sexuelle.
Source: NotreVoieNews